Comme il est amusant de constater comme une
relation ratée peut bouleverser le cours des choses. On peut rater ses examens.
On peut sauter d'une fenêtre, trouver la balustrade jolie et passer sa jambe
au-dessus, juste pour voir. On peut s'abandonner complètement à ses souvenirs,
ne plus parvenir à faire la distinction entre le présent et le passé. A lui, cependant,
ça ne lui avait rien fait. Il avait continué à vivre, en ne se reprochant que
peu de choses. C'était la vie, qu'il se disait. Il y a des choses qu'on
accepte, et d'autres pas. Elle n'avait pas accepté, lui lui disait d'oublier.
Et puis elle lui avait demandé naïvement, qu'est-ce que tu ferais si tu étais à
ma place ? J'oublierais qu'il lui avait répondu, comme si c'était simple
d'oublier des baisers doux à mourir et une joie trouble. Mais elle n'oublierait
pas, il le savait. Il la croiserait toujours, dans les couloirs. Il la verrait
sourire à d'autres, agripper d'autres bras, pleurer parfois. Mais elle ne lui
sourirait jamais plus. Il le savait , et ça ne lui faisait absolument rien.
Elle était devenue une inconnue, une étrangère qui avait changé au fil du
temps. Elle aurait sans doute voulu lui raconter sa vie, tous ces petits
détails qui l'avaient changé, qui faisait d'elle quelqu'un de bien, sans doute
aujourd'hui. Il la regardait se mouvoir, sans plus rien ressentir. A une
époque, il lui en avait voulu. C'était la seule qui avait réussi à le rendre
faible. Faible à son sens signifiait sensible. Il était amoureux de cette
fille, c'était devenu son monde, son ciel. Rien que son prénom signifiait
quelque chose. C'était au-delà des mots et il aurait tellement aimé la serrer
fort dans ses bras lorsqu'elle disait être transparente. Et maintenant, force
est de constater qu'elle n'était devenue qu'une ombre. Il lui trouvait des airs
qui lui auraient déplu aujourd'hui. Elle prenait des airs importants, des airs
de mademoiselle tout-le-monde, de je-sais-tout. Elle se disait être une fille
gentille, trop gentille. Et c'était vrai, elle n' était pas avare. Chaque fois
qu'il la voyait à la pause du matin, elle distribuait quelque chose. Elle
rendait aussi parfois, mais souvent elle donnait. Au début, il avait cru
qu'elle s'achetait des amis, qu'elle s'entourait de matériel. Mais non, elle
était simplement assez naïve pour donner sans penser qu'on ne le lui rendrait
pas. Quelle cruche avait-il finis par penser.
Une
jolie cruche cependant. Elle avait bien changé en deux ans. Elle souriait plus
aussi, oui ça c'était indéniable. L'appareil qu'on lui avait enlevé y était
peut-être pour quelque chose. Elle paraissait aussi moins naïve, avait gagné en
répondant. Il se disait quelque part que c'était un peu grâce à lui. Les choses
qui ne nous tuent pas nous rendent plus fort. Quand elle croisait son regard,
peut-être se sentait-elle invincible ? Cette fille, il n'en avait aujourd'hui
qu'une vague idée. Ce qu'elle voulait faire plus tard, oui, c'était flou.
Pourquoi il l'avait quitté aussi. Ce n'était pas une fille pour lui, il se
résolvait à cette idée fixe et insensée. Jours après jours, elle changeait,
elle réussissait à atteindre son idéal de bonheur à elle, son sourire semblait
ne jamais vouloir s'en aller et le rose sur ses joues avait finis par rester.
Il pensait parfois à ce qu'elle lui avait dis, lorsque le couperet était tombé.
Quelque chose comme « Je trouverai quelqu'un de bien. Et ce sera une
vraie histoire d'amour, sans triche ni pièges, et je serais devenue quelqu'un
de tellement bien que tu me regretteras toute ta vie. Voilà ! »Oui,
c'était exactement ça. Les mots lui étaient revenus un jour lorsqu'il prenait
ce raccourci pour rentrer chez lui. Aujourd'hui il la regardait dans les bras
d'un autre. Évoluer doucement et mains dans la mains. Sa main, il ne la lui
tenait jamais. Il n'avait jamais osé à vrai dire. C'est étrange de se poser les
questions lorsque tout est terminé. On se dit on fera mieux la prochaine fois.
Ce
mec de deux ans son cadet ne lui allait pas. Ou lui allait trop bien. Il se
demanda alors si lui allait bien à son bras. S'il lui seyait telle une jolie
veste. Ce mec lui donnait envie de se foutre de sa gueule. Ha, elle se tape un
jeune, tu as vu. Tu as vu ton ex ? Ce à quoi elle te compare ? Un type
immature. Ce type trop grand et trop jeune pour elle lui donnait envie de lui
prouver qu'il n'était pas immature. A qui voulait-il le prouver, à elle, à lui
?
Peut-être que l'histoire avait pris tout son
sens à la fin ? Tout ça n'avait été qu'une effroyable mascarade puisque
les amours ne se correspondaient aucunement. La réciprocité des choses n'en
était que moindre. Chacun de son côté, ils aimaient l'autre à travers l'image
qu'ils se construisaient. L'autre était là, beau, cheminant doucement. On
transformait ses qualités en défauts, ou on lui en prêtait qu'il n'avait pas.
On maquillait les jours, on maquillait l'absence de réaction devant la
situation. Oui, on était bien à se vivre à côté. A n'aimer qu'un idéal.
L'histoire, il ne faut pas la nier cependant. Aussi loin qu'ils s'en
souviennent tous deux, les moments vécus ensemble avaient pour beaucoup, été
heureux. Alors, l'essentiel c'est de se rappeler. Pas forcément ensemble, mais
se rappeler ce que ça faisait de les voir ensemble, faire le mur afin de fuir
le monde, à la pâleur du jour et le rose aux joues.
Ce texte a été écrit il y a un certain temps, l'époque où j'étais au lycée, il y a trois ans... Souvenir bref et impression de déjà vu...
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