vendredi 16 janvier 2015

Accepter la première gifle

Je vous préviens tout de suite, ce ne sera ni le témoignage d'une femme battue, ni celui d'une habituée à la violence. Je voulais juste vous faire part de mon expérience, de comment je l'ai vécu et pourquoi j'en suis arrivée là. Je ne prétends pas que ça peut nous arriver à toutes mais je ne pensais pas moi-même accepter un geste pareil, si lourd de sens.




C'était une fin d'après-midi, ça faisait deux semaines qu'on était ensemble. Il me ramenait chez moi en voiture, il faisait presque une heure de route, qu'est-ce qu'il était gentil dis donc. J'étais super hésitante au début de notre relation, parce que j'étais pas certaine de pouvoir refaire confiance et puis j'avais l'impression de marcher sur des oeufs, je ne savais pas où tout ça allait nous mener. Alors je me suis lancée, un peu perdue, un peu paumée, en lui disant " tu sais, j'ai peur qu'un jour tu m'envoies un message en me disant que tu préfères en rester là, que c'est fini et que tu voudras plus jamais me revoir... " Et là bim, la gifle. Je ne m'y attendais vraiment pas. Il a grommelé un " dis pas ça je ferai jamais ça " mais dans ma tête tout allait très vite , je pensais " mais regarde ce que tu as déjà fait " et surtout " si il est capable de me gifler, il doit sans doute être capable de bien pire". J'étais au bord des larmes, je m'en remettais pas vraiment, j'étais surtout très choquée, c'est la première fois que ça m'arrivait, et je ne comprenais pas bien le motif. Alors il m'a pris la main, et s'est mis tout seul une gifle avec, en me disant, " on est quitte, tu vois ". Mais non, ça ne marche pas comme ça.
Le trajet a été long, et j'avais juste envie de partir de la voiture, de sauter en marche, j'avais très peur, je me disais, si ça se trouve je sors avec un malade. Mais j'ai gardé mon calme et je l'ai embrassé quand il m'a déposé sur le pas de ma porte.

J'ai mis du temps à en parler, et surtout parce que j'avais honte. J'ai accepté ça. Alors que ça faisait deux semaines qu'on était ensemble. Plus ça va, et plus je me dis que j'aurais dû partir dès ce moment là. Certes, la gifle n'était pas bien forte, mais ce n'était pas non plus une giflette pour rigoler, et même pour rigoler, je l'aurais certainement mal pris.
Je me suis dit avec le temps, peut-être que je la méritais après tout, j'ai douté de son attachement à moi , il m'a remise à ma place. Mais personne n'a le droit de porter la main sur vous, je dis bien personne, et pour quelconque motif que ce soit.
Avant ça, je ne pensais pas être le genre de fille qui accepterait ça, j'aurais dû avoir plus de répondant... Mais je ne pense pas qu'il y ait une catégorie de personne qui accepte ça, ça vient juste comme ça, et on a des façons de réagir plus ou moins différentes selon le contexte.

Ca me fait du bien d'en parler, parce que j'ai besoin de vous prévenir, une gifle n'est pas une petite chose du quotidien, si petite soit elle. C'est déjà un acte de violence. Un petit, mais c'est quand même ça. Et si on commence comme ça, où ira t-on. J'ai eu la "chance" que ça n'aille pas plus loin. Et que dis-je, la chance, non ce n'est pas ça. C'est normal de respecter l'autre, de lui vouloir le meilleur, et en plus surtout quand on est en couple.
Personne ne mérite d'être tapé, et il n'y a aucune excuse. Personne, même le plus ignoble des cons ou la plus idiote des pétasses. 

Encore aujourd'hui, je m'en veux, je me sens coupable d'avoir accepté ça. Et j'ai juste l'impression que la violence est l'acte qui intervient quand on n'a plus les mots pour s'exprimer. Je trouve ça primaire, bestial et animal. Et terriblement triste. 
Je me dis à présent, je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas. J'espère avoir le courage de dire non la prochaine fois...

3 commentaires:

  1. Et moi j'espère que tu n'auras pas à trouver le courage de dire non la prochaine fois parce qu'il n'y aura pas de prochaine fois !

    Je crois que ce n'est pas la violence de la gifle, du coup de poing, ou du coup de pied qui est importante, mais la violence de l'intention qu'il y a dedans, du geste lui-même, peu importe s'il y a une raison claire ou pas, peu importe si le coup est fort ou pas, ce qui compte vraiment c'est le geste en lui-même. Surtout après deux semaines... si ça commence comme ça si tôt jusqu'où ça va aller et combien de temps ça va mettre pour passer à la "vitesse supérieure" ?

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  2. Je rejoins Melgane et reviens sur ce que j'avais déjà dit : apprendre à discerner pour ne plus laisser qui que ce soit te gifler ainsi, ou tout du moins limiter le plus possible les risques. Et, surtout, ne pas t'en vouloir parce qu'il est toujours plus facile de savoir comment réagir après coup — si tu me passes l'expression — que sur le moment, d'autant qu'il est normal de vivre au quotidien sans s'imaginer risquer d'être frappé.

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  3. Bonjour à toutes,
    Tous les cas sont particuliers et semblables hélas.
    Je suis mariée depuis 50 ans d'un milieu"privilégié".Depuis le début de l'année le harcèlement moral a commencé comme mon mari prend un médicament qui modifie le comportement je n'y ai pas attaché d'importance,puis il a augmenté les doses d'une manière hallucinante (200 oui deux cents fois)la dose prescrite à cause de la complaisance d'une pharmacienne pourtant prévenue(médicament liste 1)il a fait un syndrome extra pyramidal:pompiers ,hospitalisation mais reste dans le déni.
    La violence physique a commencé quand il a appris par cette pharmacienne que je l'avais contactée:il m'accuse de trahison et elle continue à le fournir.
    La gifle était tellement violente qu'elle m'a envoyée par terre:aucun remords de sa part pour lui je ne suis pas assez résistante "il m'a à peine touchée"
    Je me suis rendue à la police où le capitaine était très bienveillant mais ils sont impuissants s'agissant d'un problême "psychiatrique" mon choix est très difficile ,ce serait l'internement ,c'est au dessus de mes forces d'infliger cela à quelqu'un connaissant les conditions où ces personnes sont traitées,en fait pas du tout soignées
    Ma situation est inconfortable ,je ne lui parle plus,je sors sans lui et m'enferme dans ma chambre quand il est à la maison.
    La police a placé mon numéro d'intervention urgente et m'a demandé de ne pas hésiter à appeler même si j'estime que cela n'est pas grave.
    J'ai passé de la tristesse à la colère mais aujourd'hui je suis dans l'acceptation du deuil de mon couple et malgré mon âge je me reconnecte à moi-même avec satisfaction
    Courage à toutes et si vous êtes jeunes n'hésitez jamais à vous préférer
    Avec toute mon affection
    Brise marine

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