lundi 15 décembre 2014

" tu ne veux plus t'attacher de toute façon "

Y a eu quelque chose, comme un déclic. Au fond de toi, des choses ont commencé à bouger, se mouvoir d'une façon nouvelle, presque sereine. Tu t'en rends pas bien compte encore, tu n'oses même pas le nommer ce changement. Tu sens juste qu'il est là, présent, qu'il éclora à son heure, en prenant son temps.

Parce que le temps, justement, tu ne le prends plus vraiment. Tu passes la nuit sur internet, tu te casses la tête à lire des choses insensées, tu parles à des gens, presque jamais la même, tu ne veux plus t'attacher de toute façon.
Alors faudrait que tu prennes des pauses, que tu te fasses un bon café, comme avant, en lisant des nouvelles plutôt qu'en en écrivant. De toute façon, tu ne les finis jamais.


T'es un peu brisée, un peu triste, et totalement perdue. Et tu le sais. Tu en as assez de passer pour la fille bien sous tout rapport, la fille conciliante, celle qui te dit merci quand tu lui demandes si ça va. Tu voudrais pouvoir hausser le ton, rien qu'une fois, pour dire, je ne suis pas si cool que ça, j'ai des doutes, et je n'ai aucune certitude. Et ça te fait peur, ça te terrifie bien plus que tu n'oses te l'avouer.

Aujourd'hui, tu ne t'es pas levée, parce que ton réveil n'a pas sonné, à vrai dire tu l'avais mal réglé, et puis aussi parce que tu es toute barbouillée. Faut dire que la veille, le repas n'est pas du tout bien passé. Tu nous épargnes le détail de tes long cheveux au dessus des toilettes.

Tu sais pas encore trop ce que tu vas faire de ta journée, t'as envie d'écrire, mais pas pour travailler. Tu as finalement apposer tes mots à toi, dans la plus grande rectitude qui soit, pour enfin te raconter. Parce que tu en as besoin, quelque part. Tu ne peux pas garder une si grande histoire pour toi.
Abandonnée puis adoptée, séparée de ces 2 jumelles adorées,   jamais de papa mais ça ne manque pas, déjantée puis diagnostiquée, un peu droguée et luttant pour aimer vraiment.  C'est l'histoire de ta vie. Pour le moment. T'avais bien envie d'attendre encore un peu pour écrire tout ça, parce qu'on ne sait jamais ce que la vie nous réserve, et puis, il pourrait bien t'arriver encore des choses extraordinaires. Mais t'y arrives pas, simplement parce qu'il faut que ça sorte, tu sais pas quand ça sera publié, parce que tu auras toujours des choses à dire de toute façon.

Tu es allée à un bal de tango ce week-end, ça t'as fait grand bien. T'as rencontré des gens nouveaux, t'as ris, t'as dansé un petit peu. C'était vraiment bien. Et puis tu es rentrée à 2h30 du matin, on t'a ramené en voiture, c'était gentil, et tu t'es couchée seule.
C'est aussi un problème la solitude, t'es inscrite sur je ne sais combien de sites, tu vois parfois des mecs, tu prends des cafés ou tu couches avec. Et ça t'avance à rien. Ca ne t'apporte rien. Sur le coup, oui c'est sympa mais après tu te sens vide, tu fumes ta clope et tu repars.
Parfois y a des mecs qui essayent de te retenir, de te rappeler, de te dire hé viens toi ça pourrait être cool nous deux un jour. Alors tu les revois, mais tu ne te mettras pas en couple avant un long moment.
Y en a certains qui te font vivre des moments cinéma, comme tu te plais à les appeler. Une fois, un qui t'as emmené chez un disquaire, t'as demandé de choisir un disque et tu as mis du Otis Redding, et tandis que " change gonna come " résonnait dans ton casque, il t'as pris la main. Ensuite vous êtes allés dans une basilique dans le centre ville, et il t'as embrassé. Il t'as dit de très jolies choses, tu m'as bousculé, tu m'as foutu une énorme gifle, tu fais sauter tous les codes, tu t'en fous, ça fait peur mais c'est bien aussi.
La dernière fois que tu l'as vu, il t'as dit qu'il voulait se poser, il a sous entendu avec toi, tu lui as dit que tu n'étais pas intéressée. Il l'a peut-être mal pris, il ne le méritait pas sans doute, mais il faut dire les choses. Il faut dire les choses avant de finir totalement brisé, secoué de part en part, attaché à mille ports, et espérant que l'autre pense à toi avant de s'endormir.

Parce que, c'est pas que tu ne crois plus au grand amour, non c'est pas ça. C'est juste que tu n'es pas prête, si tu le rencontres au bout de la rue, il risque de t'avaler tout entier, tu ne vas plus dormir, tu vas te faire des plans sur la comète, et écrire des choses tellement idiotes. Tu vas te sentir pathétique, et puis tu vas aimer ça.
Non, le prochain petit copain que tu auras, ça sera le bon. Tu en as assez de courir de bras en bras, avec des mecs qui t'envisagent pour une période déterminée, et qui sont bien trop lâches pour te le dire. De toute façon, jamais aucun ne s'est projeté avec toi, et quelque part, ça t'embête beaucoup. Tu sembles être une fille de l'instant, une fille pour les profiteurs de temps présent. Avec toi, on s'amuse beaucoup parfois, mais on ne construit rien. Tu n'es peut-être pas encore prête pour ça, tu essayes de te rassurer en te disant que ce n'est pas toi le problème.



Dans la vie, il y a les filles, il y a les femmes. Celles avec qui l'on couche, celles avec qui l'on se marie. Tu choisis de faire partie de la deuxième catégorie, sciemment, en connaissance de cause. Et ça t'abime, ça te renverse, ça te fout le moral en l'air parfois. Tu te dis parfois que tu ne vaux pas mieux en ce moment.
Mais ces derniers temps, tu as pris du recul, c'est bien déjà de prendre du recul. Tu prends plus de cafés, tu prends plus ton temps, et tu ne couches pas systématiquement. Parce que c'est terrible comme un acte si joli peut perdre autant de valeur. 

Tu t'es dit que Dieu pouvait peut-être t'aider. Une ultime bouée à laquelle se raccrocher. Alors parfois tu pries,  de temps en temps pour toi mais aussi beaucoup pour les autres.
Tu as parlé avec une fille, très bien, qui est en passe de devenir une amie. Elle t'as remotivée, en te disant que si il t'était arrivée tout ça, c'était pas pour rien, et que Dieu avait sûrement prévu quelque chose d'énorme pour toi. Ca t'as fait bien plaisir, si Dieu a pensé à moi, si il a un plan, je vais commencer à l'écouter.

Parce que tu te doutes que tu feras de grandes choses si tu t'en donnes les moyens, tu as mille idées par jour, tu ne veux pas changer le monde non, mais tu veux réussir à faire quelque chose de bien avec ce que tu as déjà. Et tu as beaucoup, tu dois le reconnaître.

Au final, tu voulais écrire un article sur le changement, faire quelque chose de concis et de net, mais tu t'es encore perdue en route. Tes ongles rouges tapotent le clavier à une vitesse inimaginable, et ta pensée roule et défile sur l'écran. Tu ne sais pas faire de petites choses, tu n'as jamais su. Avec toi c'est grand, c'est du désordre, c'est pas très bien.



Tu écoutes beaucoup des chansons de Fauve en ce moment, en te disant, moi aussi je pourrais faire des choses jolies comme ça, qui parlent à tout le monde. Je donnerais mes mots à ceux qui n'en ont pas.

Tu vas essayer de passer une bonne journée, tu ne sais pas ce que tu vas faire, il faudrait que tu sortes de ton lit, que tu te fasses jolie un peu, tu dois aller chercher des billets de train en gare.
Parce que, même si tu as grossis ces dernières années, tu restes mignonne, tu t'es enfin trouvée une belle capeline. Tu penses que les gens dans la rue sont très impressionnés de voir une si petite tête derrière un si grand chapeau. Parfois tu t'habilles très bien, et d'autres fois tu es en jogging, pas coiffée, pas maquillée.

Au final, tu as l'impression d'être le jour et la nuit, de ne jamais être au milieu, de prendre toujours parti. Est-ce que c'est ta maladie qui veut ça ? Ou est-ce que c'est pareil pour tout le monde ?

6 commentaires:

  1. Très, très joli. Ta façon de poser tes mots fait écho à la mienne : tu les prends comme ils viennent, en désordre. Ce texte est à la fois très candide et très cru, c'est ce que j'aime. Bises

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    1. merci beaucoup de ce compliment, je suis allée voir tes blogs mais il n'y a rien :s

      merci de m'avoir lu !

      Bises

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  2. Avant même que tu ne parles de Fauve, je me disais que cela y ressemblait. C'est joli, poignant, touchant. Merci pour tes mots encore une fois.

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    1. oh tes commentaires me font tellement plaisir à chaque fois !

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  3. Cela faisait longtemps que je n'étais pas passée par ici. T'es mots m'ont bouleversés. Merci
    Gabrielle

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    1. je suis contente si je provoque de l'émotion, merci de ton passage :)

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